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Nouveauté sur ce blog, une interview. C’est l’une des nouvelles orientations que je souhaite explorer en invitant des auteurs à discuter ici. Premier à inaugurer cette rubrique : Pierre Lemaître auteur du génial « Cadres Noirs » (j’en parle ici) où il met en scène un cadre, chômeur de longue durée, qui est prêt à tout accepter pour retrouver du boulot. Rencontre avec Pierre Lemaître, orfèvre de l’intrigue, spécialiste du mot juste et auteur engagé.

Votre livre « Cadres Noirs » est un livre noir au sens le plus plein du terme. Il dépeint sévèrement le monde de l’entreprise et cette discipline qu’est le « management »…comment vous est venue l’idée de ce roman ? Pierre Lemaître : L’idée était là, mais elle est venue se confirmer lorsque j’ai entendu l’histoire du PDG de France Télévision Publicité qui avait organisé une fausse prise d’otage pour mettre ses cadres à l’épreuve. Le roman noir est, bien sûr, une caisse de résonnance de la société. Il permet d’acquérir une liberté pour confronter les héros à des problèmes sociaux. La littérature peut dire quelquechose mais attention, je ne suis pas un messager. « Cadres noirs » est un roman à résonnance de gauche mais avec un héros de droite. Delambre est dans le système, il l’accepte. C’est un électeur de Bayrou. Mais plus largement, mon engagement est littéraire. Ma volonté était de régler un compte ancien avec le management. Par l’action romanesque de « Cadres Noirs », je tente de montrer à quel point nous sommes victimes d’un système fondamentalement immoral.

Pourquoi un tel courroux contre le management ? P.L. : Parce que personne n’en parle alors que 100 % des salariés sont gérés selon cette règle obscure. Je considère que le management est une discipline morbide, criminelle et mortifère ! Cette discipline dont personne n’a jamais discuté produit les charrettes de licenciements, les suicides, et plus largement le désespoir des salariés. Tout cela me révolte et  avec « Cadres noirs », j’avais envie de pousser jusqu’au bout cette logique managériale pernicieuse qui fait des ravages.

Votre précédent roman « Robe de mariée » était plutôt un roman policier, de même pour « travail soigné », votre premier livre, Prix Cognac, 2006. Quelles sont vos influences ? Pourquoi ces changements de style ? P.L. : Mes influences sont diverses. Si l’on parle de la littérature policière, je suis un féru de William Mac Ilvaney, un auteur écossais, mais aussi de David Peace avec sa tétralogie du Yorkshire. Plus largement, le grand livre de ma vie est « A la recherche du temps perdu » de Marcel Proust. Je l’ai lu plusieurs fois et j’y apprends toujours quelque chose. De même, et ce fut une découverte plus tardive, je suis un grand lecteur de Louis Aragon. J’avais peur de lire du réalisme soviétique, mais en fait sa littérature est sublime. Dans les « voyageurs de l’impérial », par exemple, la jubilation d’Aragon à écrire m’a passionné. En lisant, je le voyais écrire. Après, pourquoi ai-je choisi la littérature policière ? Tout simplement car je ne crois pas avoir le calibre pour la littérature « blanche ». Par contre, je m’amuse avec les codes du policier et du roman noir. Mon idée est de faire une littérature qui est un carrefour entre plusieurs influences. Avec une marque de fabrique : qu’il y ait toujours un zeste de tragédie dans les livres que j’écris.

Quels sont vos projets à venir ? P.L. : Je suis actuellement en train de travailler à deux livres. Tout d’abord, un retour du héros flic de 1M45, de « Travail soigné ». J’aime sa vision tragique de l’existence. Ce roman devrait sortir en 2011. En parallèle, j’ai commencé une histoire sur les années 20 et la France au sortir de la guerre. Ce sera un roman plus long, plus dense sur lequel je vais travailler plus longtemps.

Tag(s) : #Actualité, #interview, #Livres, #Politique
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